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MON VOYAGE

semble à toutes les villes où il faut acheter la vie par son travail, où chacun est attaché à sa tâche, ville semblable à toutes les villes qui vivent à la sueur de leurs fronts et du travail de leurs mains. Les villes ont bien souvent les destinées des hommes : il y a des villes comme il y a des hommes qui vendent, qui achètent, qui fabriquent, qui placent leur argent à gros intérêt, qui pensent à l’avenir et qui s’inquiètent du cours de la rente ; il y a d’autres villes qui, comme autant de bourgeois retirés des spéculations et des affaires, pensent, rêvent, dorment la nuit sous leurs toits bien chauffés, ou le jour à l’ombre de leurs arbres ; il y en a d’autres enfin qui n’appartiennent ni à la spéculation commerciale ni à la spéculation philosophique : ce sont des villes et des hommes venus au monde avec un certain revenu tout fait dont ils se contentent sans désirer davantage, nonchalantes cités qui n’ont qu’à se laisser être heureuses, qui s’amusent à médire en hiver, et