Page:Janin - Les catacombes, tome 2.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
MON VOYAGE

tion singulière qui tout d’un coup jette la vie, le bruit et le mouvement dans ces rues silencieuses, dans ces places vides, sur ces quais muets. À peine le soleil se montre que déjà chaque maison se réveille ; chaque maison ouvre peu à peu ses portes et ses fenêtres, comme un homme laborieux ouvre ses deux yeux fatigués de dormir. Alors peu à peu disparaît la ville de la nuit et du silence pour faire place à la ville du bruit et du jour. On dirait que les vieilles maisons si calmes et, si bourgeoises de tout à l’heure disparaissent pour faire place à d’autres maisons, comme les étoiles qui font place à d’autres étoiles. Quels changements soudains ! telle maison, qui était dans la nuit un vaste et magnifique palais, n’est plus au grand jour qu’une chétive masure ; la cathédrale, qui tout à l’heure était si imposante au clair de lune, s’en va peu à peu en perdant de sa majesté et de sa grandeur quand vient le jour ; la statue de Corneille lui-même, qui m’avait paru gigantesque, me