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À BRINDES.

lancolie ; ainsi a-t-il fait aussi pour la statue de Pierre Corneille, Pierre Corneille, le frère, l’ami, le compagnon, le collaborateur de Thomas Corneille, qui lui prêtait ses rimes ; Pierre Corneille, ce grand homme de génie si humble, si doux, si bourgeois, si triste, si mal nourri et si mal vêtu ; celui dont Labruyère, qui, Dieu merci ! n’est pas un philosophe pitoyable a dit quelque part : « Cet homme est simple, timide, d’une ennuyeuse conversation ; il prend un mot pour un autre, il ne sait même pas lire son écriture. » Voilà pourtant l’homme que le statuaire nous représente debout, inspiré, écrivant avec une plume de fer et revêtu d’un manteau dont l’ample étoffe eût suffi pour habiller toute la famille Corneille pendant trois hivers ! Et plût au ciel que le grand Corneille eût jamais possédé un manteau pareil ! comme il en aurait bien vite fait quatre parts ! comme il en eût donné bien vite cinq ou six aunes à son frère en disant : « Voici un bon manteau, Thomas ! » Comment