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MON VOYAGE

prendre, que les balcons de vos maisons modernes, sans passé, sans souvenir et sans mystères ? Telle était la ville de Rouen cette nuit-là, et je ne me lassais pas de la regarder ainsi sous son beau voile nocturne, et je m’inquiétais peu de trouver un logis à cette heure, et je me gardai bien de frapper à la porte d’aucune hôtellerie avant d’avoir admiré à mon aise ces deux grands colosses, l’honneur de la ville, la cathédrale et le grand Corneille. Quels grands miracles ! Mais avant tout il faut se prosterner devant le grand Corneille. Quel monument sacré de pierre, de marbre ou d’airain se peut comparer à Cinna, à Polyeucte, aux Horaces ?

La statue de Pierre Corneille, placée sur le pont de Rouen, est, comme vous savez, l’œuvre de M. David, membre de l’institut. À tout prendre, c’est un bel ouvrage. M. David est un statuaire penseur ; c’est un homme très-versé dans la connaissance des poëtes, qu’il sait par cœur, qu’il aime et qu’il admire autant que