Voilà comment, après une course rapide sous les étoiles, à travers les arbres bruyants et les fabriques silencieuses, je suis descendu, par une belle nuit d’été, dans la vieille cité normande. Toute la ville dormait à l’ombre de sa cathédrale. Vue ainsi dans la nuit, Rouen est une ville pittoresque ; chaque maison de la vieille cité conserve dans l’ombre favorable sa physionomie particulière. Aimez-vous les fenêtres étroites destinées à protéger les mystères de la famille ? aimez-vous le vieux toit domestique qui s’avance bénévolement dans la rue comme pour protéger l’étranger qui passe ? aimez-vous ces murailles lézardées par le temps qui ont abrité au dedans tant de générations évanouies, qui ont vu s’accomplir au dehors tant de révolutions oubliées ? aimez-vous à traverser ces rues sinueuses où s’est agité le vieux peuple dans sa turbulence ? et cette ville ainsi faite, brodée, noircie, sévère et calme, cette ville des anciens jours ne vaut-elle pas mieux à tout