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MON VOYAGE

tir. On se dit en soi-même qu’on ne retrouvera pas là-bas, à coup sûr, tout ce qu’on laisse derrière soi ; on jette un dernier regard de regret sur cette élégance naturelle, sur cet esprit facile et de bon goût, sur ces grâces légèrement apprêtées et pourtant si simples, sur ce beau luxe si éclatant et si frais, sur tout ce beau monde d’ironie et de fêtes, de scepticisme et d’esprit, de courage et d’insouciance, de plaisir et d’amour ; ce monde parisien que l’on n’aime jamais plus que lorsqu’on lui dit adieu ; frivole, mais bon ; peu dévoué, mais aussi fort peu exigeant ; flexible, non pas par lâcheté, mais par indifférence ; usant sa vie, sa fortune, son avenir au jour le jour ; tant pis si tout cela lui manque à son réveil ! remettant toujours au lendemain les affaires sérieuses, et ne s’en trouvant pas plus mal ; se laissant gouverner par qui veut le gouverner, et toujours gouverné à sa guise, tant il est changeant et mobile ; léger, vaniteux, sceptique, moqueur, tout en dehors. Adieu donc