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INTRODUCTION

misère ; alors, pour la première fois, la rue Taranne, que je trouvais si belle avec sa fontaine d’eau claire et limpide, me parut horrible, comparée à la rue du Helder. L’Opéra-Comique était si loin de là, et notre belle chanteuse si loin aussi ! Mon ami choisit ce moment pour me parler de la profession qu’il m’engageait à prendre. Il était journaliste, ni plus ni moins. À l’entendre, il régentait l’univers dramatique ; il avait toutes les faveurs et toutes les soumissions de l’art ; sa vie était une fête enchantée, à l’entendre ; témoin cette loge où il m’avait donné une place, témoin cette chanteuse dont il m’avait prêté le bras, témoin le journal qu’il recevait tous les matins, témoin la carte du Diorama qu’il avait dans sa poche, témoin ses entrées au théâtre des Variétés et au théâtre du Gymnase ; et que sais-je encore ? car ce sont là les amorces innocentes de la vie littéraire ; un jeune homme ignorant et faible se laisse aller à ces tristes appâts ; le plaisir facile lui