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INTRODUCTION.

saurais vous définir encore cela ; mais la rue du Helder mérite une mention à part dans les rues de Paris ; elle a des bruits qui ne sont qu’à elle, des parfums qui ne sont qu’à elle, des murmures qui ne sont qu’à elle. Voyez-vous cette femme là-haut, aux secondes loges de l’Opéra ? Elle est belle, elle est parée, elle est jeune encore de sa jeunesse de vingt-cinq ans ; elle rit, elle est à l’aise, elle connaît les hommes du balcon qui la saluent ; c’est presque une dame, c’est une femme aussi éloignée de l’insouciante jeunesse que du dévergondage de l’âge mûr ; c’est une femme qui fait halte entre les passions passées et les passions à venir, entre la dévotion et le jeu, entre le libertinage et le mariage : c’est une femme de la rue du Helder.

Oh ! cette nuit-là, quand nous l’eûmes quittée, cette femme, et que je sentis encore à mon bras la chaude impression de son bras, comme je fus ému et transporté ! Alors, pour la première fois, je sentis ma nullité et ma