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INTRODUCTION

passait tout cet enthousiasme innocent et ridicule a duré encore moins que mon admiration ; il a croulé sous les coups d’un maçon, le joli théâtre ! À présent, en passant dans la rue Feydeau, vous pouvez voir encore son enceinte muette, ses loges dégarnies, ses échos tête baissée. Le pauvre vieux théâtre cherche en vain à envelopper sa nudité contristée : rien ne vient plus à son secours, ses ruines seules le protègent à présent ; paix à ses cendres ! Ainsi donc moi, jeune encore, moi, assis sur les ruines de ce théâtre où j’ai trouvé tant de passions diverses, je suis là comme Marius à Carthage ; mais aujourd’hui, quand nous avons vu tant de ruines grandes et petites, tant de vainqueurs de la veille vaincus le lendemain, qui de nous, dans son étroite sphère, n’a pas été Marius assis sur les ruines de Carthage, un jour ?

J’étais donc ce jour-là errant autour de l’Opéra-Comique comme une âme en peine, et toujours me consultant à part moi pour savoir