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INTRODUCTION.

mirables histoires à ce sujet. Et quelles héroïnes ravissantes ! que de noms touchants ! Alexandrine, Rose, Lili ! Allemande, Espagnole, Française, grande dame ou grisette, tout nous convenait. Il n’y a rien de tel à Paris comme d’être jeune et insouciant : tous les bonheurs vous arrivent à la longue aussi bien qu’aux puissants et aux riches. Les uns ont les Tuileries, vous avez le Luxembourg et le Jardin des Plantes ; les uns ont au bras la robe de velours, vous avez le bonnet rond et la robe d’indienne ; ils vont aux Italiens, vous allez à l’Ambigu. Mon Dieu ! la grisette parisienne, c’est le seul être gracieux de la vie poétique qui soit encore plus amusant, plus animé, plus naïf, plus vrai, plus expansif, plus sans façon, plus philosophe dans le monde que sur le théâtre. Nous autres, nous couvrions toute cette misère fraîche et rieuse, à force de poésie et de jeunesse. Quel beau manteau c’était là, surtout en hiver, quand ces pauvres petites nous arrivaient le museau glacé et la patte