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INTRODUCTION

mes élèves, autant j’étais sévère pour moi-même : je ne me passais pas une faute contre le style, pas une phrase sans l’avoir comprise. L’histoire de l’oncle de Gil-Blas se renouvela ainsi pour moi : je m’enseignai à moi-même tout ce que je pus m’apprendre ; voilà en quoi mes trois années d’enseignement m’ont profité. Elles ont passé pour moi comme un seul jour, sans rien désirer, sans rien craindre, sans rien envier, vivant avec mes amis, faisant avec eux de joyeux et friands repas, heureux du bonheur de ma tante attachant de temps à autre contre le mur de grandes images bleues et rouges que je trouvais fort belles, ma foi ! et qui représentaient des Grecs dans ce temps-là, comme elles avaient représenté des réfugiés du Champ-d’Asile, comme elles représenteraient des Polonais aujourd’hui.

C’était là vivre ! c’était bien beau et bien jeune, et bien heureux ! Tous mes amis de ce temps-là s’en souviennent ; nous avons d’ad-