Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
INTRODUCTION.

là de ces bonheurs qui compensent toutes les misères, qui font oublier tous les hypocrites, qui enchantent tous les souvenirs ! Ces trois ans passés au collège ne m’ont peut-être pas appris grand’chose en fait de sciences, mais ils m’ont beaucoup avancé en fait d’amitié, cette grande science de la vie. En sortant de là, il est vrai, je ne savais ni l’histoire, ni les mathématiques, ni les langues, ni aucune espèce de littérature ; mais je savais comment on a des amis et comment on les conserve ; et puis je savais aussi, à n’en pas douter, avec combien peu de science, de mérite et de travail on devient quelque chose dans le monde.

Hélas ! cependant quand je sortis de cette maison où je m’étais trouvé si malheureux, regrettant mon beau Rhône et mes belles montagnes chargées de vignes, j’eus un instant d’immense découragement que rien ne saurait exprimer. Je m’arrêtai un instant sur le seuil de cette demeure, et je jetai sur