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INTRODUCTION.

tre que j’eusse vu de près et auquel j’eusse jamais parlé, avait fait sur moi une impression très-profonde : je vois encore une large verrue qu’il avait sur la joue gauche, j’entends encore sa formidable voix que je trouvais très-belle, et avec laquelle il nous payait au dessert des œufs crus qu’il avait avalés pendant le dîner. Cet homme, ce chanteur italien, ma première admiration, ou, si vous aimez mieux, ma première illusion dramatique, c’était Profeti, le même qui a joué pendant neuf ans la statue du commandeur dans Don Giovanni, au théâtre Favart.

Pour compléter ce curieux assemblage il aurait fallu voir au-dessus de nos têtes, sur l’impériale de la voiture, deux militaires de tournure et de visage très-différents : l’un en habit noir, à moustaches noires, sans décorations, à l’œil triste, à l’air pauvre, mécontent caché, malheureux au dedans, n’avait pas tellement nettoyé sa chaussure qu’on ne pût au besoin y retrouver un peu du sable de la