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INTRODUCTION

aussi : c’était ma grand’-tante. Voilà une femme ! du courage, du cœur, de l’âme, toutes les vertus fortes ; une femme éprouvée. Elle m’avait adopté tout enfant un jour qu’en revenant de l’île de Corse, comme nous revenons de Saint-Cloud, elle m’avait rencontré dans le jardin, et que j’avais couru au devant d’elle, la tirant à moi, comme si je m’étais douté de tout le bien qu’elle me ferait. Elle m’aimait encore plus que ne m’aimait ma mère, ou du moins tout autrement. Elle me passait aveuglément toutes mes fantaisies, tous mes caprices, elle était mon esclave, attentive, patiente, soumise, toujours prête à tout souffrir de moi. À l’heure qu’il est, à quatre-vingt-seize ans passés, elle est encore là à côté de mon cabinet, prêtant machinalement l’oreille à mes exclamations entrecoupées et au bruit de ma plume qui court sur le papier, s’extasiant à l’avance sur les belles choses que j’écris et qu’elle ne lira pas.

Je ne fis pas mes adieux à ma tante, par la