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INTRODUCTION.

tant que je fus près de son lit je me contins : je l’aurais fait trop pleurer si j’avais, moi aussi, pleuré.

J’étais donc assis sur son lit sans mot dire. Elle ne me dit rien non plus, me prenant la main et m’embrassant, essuyant ses larmes pour pleurer encore. Jusqu’à ce jour, quand nous ne nous étions séparés que pour quelques lieues et pour quelques mois, elle n’avait cessé de me faire mille recommandations toutes remplies de sa sollicitude maternelle ; à présent que j’allais à Paris, à présent que je lui étais enlevé, ma pauvre mère n’avait rien à me dire : je n’étais plus à elle, elle n’était plus à moi ; elle n’avait plus que des larmes et non plus des conseils à me donner. À présent que je me souviens de cette douleur muette, il me semble que je n’ai jamais eu tant de douleur.

Ma mère n’était pas la seule mère qu’il me fallût quitter en quittant ma petite ville ; j’avais une autre mère qui m’était bien chère