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INTRODUCTION

Je dis donc que dans la vie de tout homme qui se sent, ou plutôt à qui l’on sent quelques lecteurs, il se rencontre souvent un moment de résolution énergique que prend l’auteur de se renouveler tout à fait et de faire maison nette dans le logis préparé pour cette folle si changeante, si capricieuse et si aimée qu’on appelle l’Imagination. La résolution est dure et elle coûte à prendre : comment faire pour chasser la folle du logis de chez elle, où elle a pris ses coudées franches ? comment la mettre à la porte, l’aimable enfant qui use et qui charme votre vie ? comment dire à cette pauvre jeune folle, qui vous a donné ses vingt-cinq ans, qui s’est donnée à vous corps et âme : Va-t’en ! ta figure me déplaît ! Displicuit nasus tuus, comme dit Juvénal ; cela est difficile et dur. L’imagination tient encore tant de place dans la vie d’un homme mûr ! il est encore si faible devant ces vieilles rêveries si aimées, si fêtées, compagnes chéries et mystérieuses de son joyeux printemps,