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INTRODUCTION.

écouté par mille à douze cents lecteurs, tout autant, il y a un instant critique qu’on pourrait facilement appeler l’instant des œuvres complètes, maladie toute moderne, et que je divise en deux périodes d’un égal danger.

La première période de cette maladie qu’un auteur appelle ses œuvres lui venait autrefois à l’âge de l’institut, ce qui ne veut pas dire à l’âge de raison. Quand notre homme avait comblé la mesure de gloire qu’il s’était promise, une grande et large mesure toujours, qu’il faisait aussi comble qu’il voulait, notre homme, n’ayant plus à songer à autre chose, pensait alors à la postérité ; la postérité devenait son idée dominante. Une fois qu’il avait épuisé toutes les idées de sa tête, drames, opéras, opéras comiques, vaudevilles, dissertations… quoi encore ?… il ramassait toutes les rognures de son esprit, entassées avec le soin le plus minutieux dans son coffre-fort littéraire, meuble innocent et sacré de sa vie domestique ; il arrangeait tout cela, il compilait cela.