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HOLBEIN.

méditation et la retraite ; il avait beau ne rien comprendre aux événements qui se passaient devant lui : toujours il arrivait que les événements le frappaient au cœur sans qu’il eût le droit de se plaindre. Bien plus, le soir même des exécutions les plus cruelles il fallait porter un visage riant devant le soupçonneux monarque. C’est ainsi qu’il y eut un jour dans la vie d’Holbein où il vit monter sur l’échafaud son premier protecteur, son ami, son père, celui qui l’avait reçu dans sa maison, qui l’avait fait asseoir à sa table, celui qui l’avait donné à Henri VIII, le lord chancelier d’Angleterre lui-même, Thomas Morus. La mort de Thomas Morus couronna dignement sa vie. Il avait été longtemps captif à la Tour ; il avait défendu de son mieux, non pas sa tête, mais quelque chose de plus précieux que sa tête, sa croyance. Seul dans ce vaste royaume, qui obéissait en silence et qui soumettait au monarque jusqu’à sa conscience, Thomas Morus défendit la liberté de