Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
HOLBEIN.

retombait dans son silence. Il n’y eut jamais d’enchantement pareil. Holbein était dans un coin, attentif aux moindres gestes du prince. C’était donc là ce terrible Henri VIII ! lui, cet homme si ravi, si transporté, si occupé d’un artiste ! Cependant le Roi ne se lassait pas d’admirer ; surtout, ce qu’il admirait le plus, c’était la grâce des belles dames représentées dans ces tableaux, c’était la soie, c’était le velours, c’était l’hermine de tout ce monde, c’était ce luxe vraiment royal de broderies, et de manteaux, et de plumes ondoyantes. Tous ces personnages si bien vêtus semblaient vouloir s’échapper de leurs cadres, et le Roi était prêt à leur tendre les bras et à leur dire : — Venez à moi, belles dames ! — Il resta ainsi une heure entière dans la muette contemplation.

À la fin le Roi s’écria en levant les mains :

— Quel est l’artiste qui a fait cela ?

Holbein tremblait de tous ses membres ; son cœur battait violemment : sa destinée al-