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HOLBEIN.

plus despotique et le plus cruel de l’univers.

Il fallut donc bien qu’Holbein, maîtrisé par cette volonté toute-puissante, finît par obéir. Holbein obéit donc, résolut de quitter sa femme et son pays ; mais où aller ? Et quand Érasme lui parla de l’Angleterre, le grand peintre recula d’un pas : il se figurait l’Angleterre comme un pays au-delà du monde, inculte, sauvage, ennemi de tout ce qui ressemblait à l’art ; et puis quel ciel ! Mais Érasme l’ordonnait, il fallut partir : il partit.

Il partit, n’emportant avec lui que deux choses : une lettre d’Érasme, et le portrait d’Érasme, qu’il avait fait avant de partir.

Cette lettre était adressée au chancelier d’Angleterre Thomas Morus, cet homme qui eut le bonheur de mourir d’une belle mort, ce rêveur dont l’utopie précède d’un siècle le Télémaque de Fénelon. C’était alors un des plus grands seigneurs du monde, le confident et l’ami de Henri VIII, un des chefs de cette nation anglaise qui se préparait au règne d’É-