disgracieuse et méchante : voilà ce que deviendra ta femme bientôt. Prépare donc tes deux joues, pauvre Holbein.
Je n’ai pas la fin de cette conversation étrange, dans laquelle Érasme eut besoin d’appeler à son aide toute sa logique, tous ses sarcasmes, et, qui plus est, tout son sophisme, pour persuader à cet ami malheureux qu’il eût tout de suite à briser cette chaîne, à quitter ce despote, à se faire libre et heureux ; il fallut combattre longtemps l’incertitude d’Holbein. Quitter sa femme ! c’était là une action bien étrange pour ce siècle, une action incroyable. Sortir de la patrie, aller au loin, loin du foyer domestique, se faire jeune homme une seconde fois ! Et puis, où aller ? en quel lieu ? Qui empêchera sa femme de le rejoindre ? n’ira-t-elle pas le deviner en Hollande ou en Italie ? Holbein, songeant à tant de dangers, était prêt à reprendre ses fers.
Mais Érasme avait une de ces volontés qui