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HOLBEIN.

triste, pourquoi tu es gai, pourquoi tu n’es ni gai ni triste, secrets que tu ne sais pas toi-même. Ah ! pauvre homme, pauvre homme que tu es ! Tu es un homme perdu, mon Holbein !

— C’est bien vrai cela, dit Holbein. Quelle triste destinée d’avoir tant de couleur et d’idées ! avoir un si grand besoin de produire, une immense envie de liberté, de bonheur, de plaisir, et se trouver marié pour toujours ! C’est bien malheureux cela !

Et il se promenait de long en large. Son ami le regardait avec un sourire singulièrement fin et moqueur. Cet homme était d’une taille médiocre, d’une physionomie très-indécise, entre la malice et la bonhomie ; physionomie aux mille nuances, qui savait dire ce qu’elle voulait sans s’expliquer jamais ; cet homme était une puissance ; cet homme s’appelait tout simplement Érasme.

Il abandonna ainsi son ami Holbein à sa mauvaise humeur : il aurait craint de l’affai-