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DE SADE.

rien moins que la mort pour mettre un terme à l’œuvre épouvantable de cet homme. Il vivrait aujourd’hui qu’il écrirait encore.

Il est mort, le 2 décembre 1814, d’une mort, douce et calme, et presque sans avoir été malade. La veille encore il mettait en ordre ses papiers. Il avait alors soixante-quinze ans : c’était un vieillard robuste et sans infirmités. À peine fut-il expiré que les disciples de Gall se jetèrent sur son crâne comme sur une admirable proie qui devait à coup sûr leur donner le secret de la plus étrange organisation humaine dont on eût jamais entendu parler. Ce crâne, mis à nu, ressemblait à tous les crânes de vieillards : c’était un mélange singulier de vices et de vertus, de bienfaisance et de crime, de haine et d’amour. Cette tête, que j’ai sous les yeux, est petite, bien conformée ; on la prendrait pour la tête d’une femme au premier abord, d’autant plus que les organes de la tendresse maternelle et de l’amour des enfants y sont aussi saillants que sur la