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LE MARQUIS

ment qu’on rendît la liberté à ce pauvre marquis. Ces jolies femmes ne sont déjà plus jeunes ; elles ont peut-être appris depuis ce temps-là quel était leur protégé : elles seraient bien malheureuses si elles se souvenaient qu’elles ont prié pour lui !

On ne rendit pas la liberté au marquis de Sade, mais on le laissa lâché dans l’intérieur de Bicêtre. La congrégation avait pris cet homme en amitié, et elle ne le trouvait pas si coupable qu’on le disait bien. Il passa donc sa vie au milieu de cette population dont il faisait les délices. Il conserva jusqu’à la fin ses infâmes habitudes ; jusqu’à son dernier jour il écrivit les livres que vous savez, trouvant chaque jour de nouvelles combinaisons de meurtre, ce qui le rendait tout fier. On peut dire que l’imagination du marquis de Sade est la plus infatigable imagination qui ait jamais épouvanté le monde. Rien ne put l’abattre, ni la prison, ni la vieillesse, ni le mépris, ni l’horreur des hommes ; il ne fallut