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LE MARQUIS

criminels et tous ces grands bandits dont l’histoire occupe l’une après l’autre les cent voix de la renommée (style impérial), le marquis de Sade était toujours le premier qu’on voulait voir, le premier qu’on voulait entendre ; c’était un phénomène parmi tous ces phénomènes. Cette vieille prison de Bicêtre toute courbée sous le crime était fière de son marquis de Sade comme la galerie du Louvre est fière de ses Rubens ; bien plus, celui même qui n’entrait pas dans la prison, le voyageur qui passait sur la grand’route, se disait en regardant ces murs et sans penser à personne autre : C’est pourtant là qu’il est enfermé !

Quelquefois, car, après avoir été rudement traité, il finit par jouir de la plus grande liberté dans Bicêtre, le marquis de Sade composait une comédie : quand sa comédie était faite il bâtissait un théâtre dans la cour ; cela fait, il allait chercher ses acteurs parmi les fous de la maison, Alors il les réunissait,