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DE SADE.

Car jusqu’à ce jour le marquis de Sade s’était contenté de la pratique du vice, il n’avait pas encore abordé la théorie. Une fois qu’il eut dans sa prison de quoi écrire, il pensa à mettre en ordre ses pensées et ses souvenirs. La tête échauffée par les macérations du cachot, abruti par cette grande misère, persécuté par les folles et délirantes images d’une passion comprimée, ce malheureux résolut d’en finir, et de voir par lui-même jusqu’où sa scélératesse pouvait aller. Le voilà donc qui écrit, et qui compose, et qui arrange ses livres, et qui se livre tant qu’il peut à son génie. Ô malheur ! pendant que le marquis de Sade écrivait ses livres, arrive dans le même donjon Mirabeau, pour écrire à peu près les mêmes livres ; et Mirabeau s’indignait pourtant qu’on l’eût enfermé dans la même prison que ce marquis de Sade qui lui faisait horreur !

Du donjon de Vincennes le marquis de Sade fut transporté à la Bastille. C’étaient les derniers jours de la Bastille : la pauvre prison