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DE SADE.

quand un jour, le 3 avril 1768, une grande rumeur se répandit dans Paris sur le marquis, et voilà ce que l’on racontait.

Il possédait une petite maison à Arcueil, dans un endroit retiré, au milieu d’un grand jardin, sous des arbres touffus : c’était là que le plus souvent il se livrait à ses débauches. La maison était silencieuse et cachée, munie d’un double volet en dehors, matelassée en dedans, toute prête pour le crime. Ce soir-là, c’était un jour de Pâques, le valet de chambre du marquis de Sade, son compagnon, son ami, son complice, avait ramassé dans la rue deux ignobles filles de joie qu’il avait conduites à cette maison. Le marquis lui-même, comme il se rendait à Arcueil pour sa fête nocturne, fit rencontre d’une pauvre femme nommée Rose Keller, la veuve de Valentin, un garçon pâtissier. Cette femme rentrait chez elle par le plus long chemin, cherchant peut-être une aventure ; mais quelle aventure ! Le marquis la voit, il l’aborde, il lui parle, il lui propose