Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LE MARQUIS

plus d’enfants que n’en pourraient tuer vingt maréchaux de Retz, ils en tuent chaque jour, ils en tueront encore, ils en tueront l’âme aussi bien que le corps ; et puis le maréchal de Retz a payé ses crimes de sa vie, il a péri par les mains du bourreau, son corps a été livré au feu et ses cendres ont été jetées au vent : quelle puissance pourrait jeter au feu tous les livres du marquis de Sade ? Voilà ce que personne ne saurait faire ; ce sont là des livres, et par conséquent des crimes qui ne périront pas.

Celui qui pourrait suivre le marquis de Sade dans l’intérieur de sa maison, celui qui pourrait le voir, à côté de sa jeune et jolie femme, méditant tout bas, rêvant tout bas, et silencieux et triste, et se préparant à ses grands forfaits, celui-là écrirait un drame d’une haute portée ; je ne crois pas que jamais on ait trouvé, un sujet plus hideux d’études philosophiques. Toutefois le public n’avait pas encore entendu parler de cet homme