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LE MARQUIS

pourquoi ne pas se taire ? dites-vous tout haut. Et puis tout bas vous ajoutez en vous-même : Croyez-vous donc que nous ne l’avons pas lu, ce livre, nous autres les vieillards de l’Empire, nous les jeunes gens de la Restauration ?… Eh ! messieurs, c’est justement parce que vous l’avez lu que je vous en parle ; c’est justement parce que nous avons tous été assez lâches pour parcourir ces lignes fatales que nous devons en prémunir les honnêtes et les heureux qui sont encore ignorants de ces livres. Car, ne vous y trompez pas, le marquis de Sade est partout ; il est, dans toutes les bibliothèques, sur un certain rayon mystérieux et caché qu’on découvre toujours ; c’est un de ces livres qui se placent d’ordinaire derrière un saint Jean. Chrysostome, ou le Traité de morale de Nicole, ou les Pensées de Pascal. Demandez à tous les commissaires-priseurs s’ils font beaucoup d’inventaires après décès où ne se trouve pas le marquis de Sade. Et, comme c’est là un de ces livres que la loi ne reconnaît pas comme