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DE SADE.

qui souille ses yeux et son cœur de cette horrible lecture de se voir poursuivi par ces tristes fantômes et d’assister, timide, immobile et muet, à ces lugubres scènes, sans pouvoir se venger qu’en lacérant le volume ou en le jetant au feu ! Croyez-moi, qui que vous soyez, ne touchez pas à ces livres ! ce serait tuer de vos mains le sommeil, le doux sommeil, cette mort de la vie de chaque jour, comme dit Macbeth.

Peut-être, et vous êtes dans votre droit, vous voulez savoir par quel hasard, ou plutôt par quel malheur, les œuvres du marquis de Sade me sont connues, et vous vous étonnez sans doute que j’ose ainsi avouer tout haut cette lecture abominable. Vous avez raison, mon honnête lecteur ; c’est à juste titre que vous vous étonnez qu’un homme de sens n’ait pas rejeté dès la première page un livre infâme où l’on outrageait ainsi à chaque ligne toutes les lois de la terre et du ciel. Pourquoi ne pas jeter le livre aussitôt, ou tout au moins