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LE MARQUIS

davres qu’il a poignardés et violés, quand il n’y a pas une église qu’il n’ait souillée, pas un enfant qu’il n’ait immolé à sa rage, pas une pensée morale sur laquelle il n’ait jeté les immondices de sa pensée et de sa parole cet homme s’arrête enfin, il se regarde, il se sourit à lui-même ; il ne se fait pas peur. Au contraire, le voilà qui se complaît dans son œuvre ; et comme il trouve qu’à son œuvre, toute abominable qu’il l’a faite, il manque encore quelque chose, voilà ce damné qui s’amuse à illustrer son livre, et qui dessine sa pensée, et qui accompagne de gravures dignes de ce livre ce livre digne de ces gravures ; et de tout cela il résulte le plus épouvantable monument de la dégradation et de la folie humaines, devant lequel même la vieille Rome, à son moment de décadence et de luxe, à l’heure où les Romains jetaient leurs esclaves aux poissons de leurs viviers, aurait reculé, frappée de honte et d’effroi.

Heureux encore si le marquis de Sade s’en