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DE SADE.

crânes, on dépouille des hommes de leur peau fumante ; on crie, on jure, on blasphème, on se mord, on s’arrache le cœur de la poitrine ; et cela pendant douze ou quinze volumes sans fin, et cela à chaque page, à chaque ligne, toujours. Ô quel infatigable scélérat ! Dans son premier livre il nous montre une pauvre fille aux abois, perdue, abîmée, accablée de coups, conduite par des monstres de souterrains en souterrains, de cimetières en cimetières, battue, brisée, dévorée à mort, flétrie, écrasée. Il n’a pas de cesse qu’il n’ait accumulé dans ce premier ouvrage toutes les infamies, toutes les tortures. Celui qui oserait calculer ce qu’il faudrait de sang et d’or à cet homme pour satisfaire un seul de ses rêves frénétiques serait déjà un grand monstre. On frémit rien qu’à s’en souvenir ; le tremblement vous saisit rien qu’à ouvrir ces pages ; puis, quand l’auteur est à bout de crimes, quand il n’en peut plus d’incestes et de monstruosités, quand il est là, haletant sur les ca-