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LE MARQUIS

dire : le marquis de Sade ne peut même pas revendiquer le triste honneur d’être placé à côté de ces écrivains égarés qui, après tout, ne sont coupables que de longues obscénités écrites. S’il en était ainsi, nous ne parlerions pas du marquis de Sade : ces sortes d’écarts sont trop nombreux dans toutes les littératures du monde pour que nous en fassions un grand reproche à leurs auteurs. Quel est, je vous prie, le grand poëte de l’antiquité, ou même des temps modernes ; qui dans un moment d’ivresse n’ait perdu quelques grains d’encens, et quelquefois d’un bon encens, jeté sur les autels de la déesse Cotytto ? quel est le grand peintre qui n’ait perdu quelques-unes de ses heures à la représentation des mystères les plus voilés de la vie de l’homme ? C’est un grand peintre chrétien qui a donné à l’Arétin le sujet du livre qui l’a déshonoré. Le livre a déshonoré l’écrivain, les tableaux ont presque fait honneur au grand peintre, par la très-grande vérité que dans les arts le fond