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DE SADE.

Vous prêtez l’oreille au bruit que fait ce siècle, et vous reconnaissez toutes les joies mêlées à toutes les douleurs : enfantements, suicides, joies et désespoir, morts funestes, amours sans fin, tout un pêle-mêle à rendre l’éternité attentive, si l’éternité pouvait entendre. Quel mouvement ! quel chaos ! quel bruit ! Puis enfin quel silence quand le trône est écroulé, et qu’on n’entend plus sur la place de la Révolution que le bruit du couteau qui se détache de l’échafaud !

Ainsi étaient faits les vieillards en ce temps-là, ainsi était faite la jeunesse. Personne parmi eux, jeunes gens ou vieillards, ne prenait rien au sérieux ; on leur aurait dit que le monde allait finir qu’ils se seraient informés aussitôt où se louaient les meilleures places pour voir le monde finir. Vous comprenez donc combien fut dangereux le petit nombre de ceux qui en ce temps-là prenaient au sérieux quelque chose. En ce temps-là, ce qui perd d’ordinaire les sociétés pouvait sauver la so-