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LE MARQUIS

le marquis de Sade s’est promené dans cette vaste cour, contre le mur de la chapelle ; un autre jeune homme, dix ans après, se promenait, lui aussi en silence, à la même place, les bras croisés, et déjà si triste qu’il faisait peur à ses condisciples. Cet autre s’appelait Maximilien de Robespierre. Ô le digne couple, le marquis de Sade et Robespierre ! l’un qui a rêvé autant de meurtres que l’autre en a exécutés ! l’un dont la passion était le sang et le vice, mais qui n’a pu assouvir que la dernière de ses passions ; l’autre qui n’a eu qu’une passion, le sang, mais qui l’a assouvie jusqu’à la satiété ! deux hommes qui sont sortis des ruines de la société, deux hontes sociales ! Mais celui-là était une honte si ignoble que la société a déclaré par la voix de Bonaparte, devenu son chef, qu’il était fou ; l’autre, au contraire, était une honte si terrible que la société lui a fait l’honneur de le tuer sur l’échafaud ; si bien que justice a été faite à tous deux : Robespierre est mort comme tous les