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LE MARQUIS

vagissements des autres enfants. La mère du marquis de Sade était une honnête femme, dame d’honneur de Mme la princesse de Condé. À peine son fils eut-il six ans que la bonne mère l’envoya en Provence, sous les orangers en fleurs, afin qu’il eût un air pur, afin qu’il pût contempler un ciel bleu, afin qu’il grandît comme un enfant provençal, au milieu des fleurs qui s’épanouissent, sur le bord des fleuves qui murmurent, à la clarté de l’étoile qui scintille, et non pas, comme un chétif Parisien, entre les quatre murs d’une maison, cette maison fût-elle à un prince. Que pouvait faire de mieux la mère du petit de Sade pour son fils ? De la Provence l’enfant passa à Exeuil en Auvergne, auprès de son oncle l’abbé de Sade, le même spirituel écrivain dont nous parlions tout à l’heure, qui lui apprit à lire dans les lettres de Laure et dans les sonnets de Pétrarque. L’abbé eut mille soins de ce neveu qui lui venait de Laure, sa dernière passion : il le menait avec lui dans les belles