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XIII
À THÉODOSE BURETTE.

populaires dans nos écoles, et auxquels les jeunes gens ne préfèrent qu’une chose, ta leçon parlée ! Ainsi tu es devenu un savant historien. Sans me le dire, tu te levais chaque matin, avant le jour, pour fouiller dans les vieilles chroniques ; je dormais encore que, sans bruit et sans que nul s’en doutât, pas même moi, tu avais accompli ta tâche de chaque jour. Alors je te voyais arriver aussi reposé que si tu n’avais rien fait, et, me trouvant au travail, à écrire quelque chose futile, voici ce que tu me disais, hypocrite ! — Jules, tu travailles trop !… Nous parlions alors des choses qui m’intéressent, auxquelles tu ne t’intéresses guère qu’à cause de moi ; par exemple, des grands hommes et des chefs-d’œuvre de la veille ; nous en parlions sans haine, mais aussi sans amour. Nous nous disions que ces hommes qui s’agitent pour tant produire ont grand tort ; nous pensions souvent, tout en prenant en pitié l’abondance de nos contemporains, que les poèmes d’Homère ont pu être contenus dans une coquille de noix ! Que si par hasard quelque bruit politique arrivait jusqu’à nous, nous ne comprenions pas que le peuple le plus spirituel de la terre, comme on dit, jouât ainsi, jusqu’à la fin du monde, cette farce de Shakspear intitulée Beaucoup de bruit pour rien ! Nous savions seulement que la Chambre des députés est un monument fait pour servir de pendant au garde-meuble de la couronne. Nous reconnaissions que le