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LE MARQUIS

ses amis, bravant la contagion, pleuraient en silence autour de son lit. Elle, toujours résignée, l’air calme et serein, rendit à Dieu son âme innocente et pure. Toute la ville la pleura comme on pleure une honnête mère de famille qui est morte en accomplissant ses devoirs. Elle fut enterrée dans l’église des frères Cordeliers, dans la chapelle de la Croix, sépulture de la famille de Sade. Pétrarque était alors à Vérone, et il apprit la mort de cet ange dans ses rêves. Alors ses chants d’amour recommencèrent de plus belle. On croyait cette passion épuisée, et avec cette passion la poésie épuisée dans le cœur de Pétrarque ; mais lui, fidèle amant et poëte fidèle, recommença à aimer, à chanter de plus belle. C’est surtout lorsque Laure est morte que Pétrarque fait ses plus beaux vers, témoin le beau sonnet qui commence par ces mots : Ah ! qu’il était doux de mourir il y a trois ans aujourd’hui ! et cette belle élégie latine : « Le six du mois d’avril, à la première heure du jour, dans