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DE SADE.

Laure ses beaux vers qu’attendait le monde. Ainsi ils vécurent, lui voyageur, elle dans sa maison : présente, il l’aimait ; il la chantait absente. Elle cependant, retirée dans ses foyers, élevait sa nombreuse famille, et vieillissait dans l’exercice de toutes les vertus domestiques. Mais quelle fut la surprise et quelle fut la douleur du poëte quand il vit Laure pour la dernière fois ! Elle était au milieu d’un cercle de dames, sérieuse et pensive, sans parure, sans guirlande, sans perles. Déjà la maladie dont elle mourut avait étendu sa pâleur sur ses belles joues. Laure, à l’aspect de son amant, lui jeta un regard si honnête et si calme qu’il se prit à verser des larmes. Une horrible peste, venue d’Asie en Sicile, se répand dans toute l’Europe : elle frappe des premières la belle Laure. Aux premières atteintes du mal Laure sentit qu’elle était perdue ; elle se prépara tranquillement à la mort, elle fit son testament et reçut les sacrements de l’Église. Sa famille, ses enfants,