Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
LE MARQUIS

accorde pas même un regard ! C’est là une histoire de pur amour, à laquelle ont ajouté foi les historiens les plus sceptiques. La vertu de la belle Laure a été si loin que Voltaire la traite d’Iris en l’air. Elle cependant, si elle fuyait l’amant, elle aimait le poëte ; elle le regardait de loin quand il se mettait à la contempler de toute son âme pendant qu’elle se promenait dans ses jardins. Le jour où le poëte retourna à Rome pour recevoir la couronne de laurier au Capitole, Laure sentit une grande joie et une grande peine dans son cœur ; et quand elle le revit, au bout d’un an, toujours amoureux et toujours fidèle, le front ceint du laurier poétique, et quand il eut chanté sa gloire dans toute l’Europe et porté le nom de Laure à l’oreille de tous les rois, la belle Laure, toute sévère qu’elle était, ne put s’empêcher d’être plus favorable à ce grand poëte qui l’aimait tant : elle lui permit de l’accompagner à la fontaine de Vaucluse, elle écouta ses tendres paroles sans colère ; et lui, il récitait à