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DE SADE.

élevé la langue vulgaire à la dignité de langue écrite ; mais enfin Dante donna le signal : Pétrarque l’entendit, et ce fut dans cette langue toute neuve qu’il célébra son amour et sa mie, en véritable troubadour provençal. Cette femme c’était la belle Laure de Noves, la femme de Hugues de Sade, qui l’avait épousée à dix-sept ans, jeune et belle, avec une dot de 6,000 livres tournois, deux habits complets, l’un vert, l’autre écarlate, et une couronne d’argent du prix de 20 florins d’or. Ce fut dans l’église des religieuses de Sainte-Claire, le lundi de la semaine-sainte, le 6 avril 1427, que Pétrarque rencontra pour la première fois la belle Laure. Il la vit, il l’aima ; il aima le corps et l’âme de Laure, comme il est dit dans le Dialogue de Pétrarque et de saint Augustin, Quelle tendre passion ! quels transports ! quels emportements muets ! comme l’amour du poëte se révèle et se déroule dans ces mille poésies innocentes où il pleure son martyre, où il chante les rigueurs de sa dame, qui ne lui