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À THÉODOSE BURETTE.

nous avons eu cet avantage que nous avons été tout simplement de bons jeunes gens qui n’ont jamais rien affecté ; nous n’avons jamais joué au Byronisme et à la mélancolie, nous n’avons jamais eu peur de montrer nos gais visages, nous n’avons jamais rêvé de révolutions et de tempêtes, mais bien de printemps en fleurs et de doux paysages et de longues promenades dans la vallée de Montmorency. Toi et moi nous pouvons nous rendre cette justice, qu’à toutes ces amitiés de notre enfance nous avons été fidèles, quelle que soit la carrière que nos amis ont suivie. Quand ils sont partis pour les pays lointains, nous les avons reconduits jusqu’en pleine mer en leur disant : Adieu ! et en invoquant déjà l’heure du retour. Quand ils ont dit leur première messe, ils nous ont trouvé dévotement agenouillés au pied de l’autel. Nous étions assis au pied de la chaire à leur premier sermon. Avec quels transports et quelle émotion n’avons-nous pas écouté leur premier plaidoyer en faveur de quelque horrible bandit dont s’accommodait fort leur éloquence naissante ! À la Chambre des députés nous les avons suivis jusqu’à la tribune, et perdus dans la foule, comme nous eussions voulu leur souffler les plus belles périodes de Cicéron, notre orateur ! Ceux d’entre nous qui se sont mariés nous ont choisis pour leurs témoins, et dans cette importante affaire de la vie nous les avons servis avec la gravité convenable. Avant peu tu seras le parrain du