je me suis étonné de la patience avec laquelle les courtisans de ce temps-là la supportèrent. Ils ont rendu ainsi, à leur dam et préjudice, un grand hommage à la liberté de la presse. Il faut dire aussi que faire autrement c’eût été difficile : nous étions trop bien soutenus par l’opinion, nous étions de trop jeunes athlètes pour être brisés facilement ; et puis comment nous rendre sarcasmes pour sarcasmes ? Nous étions très-jeunes, tous honnêtes gens, tous sans ambition, tous méchants sans méchanceté et cruels sans le savoir. Et puis à côté de nos haines politiques nous jetions dans cet admirable petit pamphlet nos amours de chaque jour ; tout nous servait à remplir notre tâche : il n’est pas un de nous qui n’ait écrit là toute sa vie ; et cela amusait le public, qui se laissait aller à ces impressions franches et toutes nouvelles, lassé qu’il était des vieux journaux.
Car nos commencements ont eu ceci de particulier qu’ils ont été à la fois le commence-