Elle vint, la pauvre femme, dans cette salle de concert, elle vint en écharpe rose passé, la joue couverte d’un mauvais fard, la voix rude et rauque ; et elle chanta du Rossini et du Catruffo. Cela fut très-applaudi par l’assemblée, cela fut bien triste pour moi. Le soir, rentré dans mon auberge, je regrettai vivement ma fatale curiosité.
Voyez-vous ? la vie littéraire est remplie de ces déceptions funestes. Vous y entrez avec toutes sortes d’illusions ; mais, à mesure que vous faites un pas, vos illusions, blanches colombes du printemps poétique, s’envolent une à une pour ne plus revenir. Il y a deux parties dans l’art bien distinctes : le parterre et les coulisses. Tant que vous êtes dans le parterre cela va bien : l’art arrive à vous du beau côté, l’art se pare avec soin, il prend sa voix la plus douce, il sourit, il fait patte de velours, il est riche, heureux, honoré, passionné ; mais, de grâce, si vous voulez toujours le voir ainsi, ne quittez pas le parterre ;