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INTRODUCTION.

que le Bellérophon m’emporte où il voudra ; je suis à lui corps et âme, je l’aime de toute ma passion et de tout mon cœur ! On me ferait prince : qu’on ne me donnerait pas tant je marche en avant de tous les gentilshommes de l’Europe, moi, un simple gentilhomme de la presse. Il n’y a rien de tel que de s’habituer des premiers à ces positions extraordinaires dans la vie ; il n’y a que le premier pas alors qui vous fasse peur : vous êtes en ballon dans les airs, vous êtes sur un chemin de fer, vous êtes rédacteur d’un journal, vous êtes à part, dans le monde, des autres puissances, que vous dédaignez à bon droit, pendant que la foule tremblante et ébahie vous regarde d’en bas.

Mais ni le ballon poussé par le gaz enflammé au milieu des nuages, ni la voiture rapide comme l’éclair, traînée à la remorque par ce géant aux mille bras qu’on appelle la vapeur, n’ont poussé un homme en avant comme vous êtes poussé en avant par cette vapeur autrement puissante, le journal. Moi, pauvre en-