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INTRODUCTION.

des hommes ? Le tonneau funeste des Danaïdes n’était rien, comparé à ce labeur éternel. Ô la presse périodique ! monstre aux cent voix et aux cent bouches, vautour qui a besoin pour vivre de toujours dévorer un foie renaissant, insatiable conversation à haute voix de toutes les puissances et de toutes les ambitions de l’Europe, qui va en un clin d’œil d’un bout de l’Europe à l’autre, frappant à la fois l’oreille des rois et l’oreille des peuples, proclamant en même temps les principes les plus opposés : athéisme et dévotion, esclavage et liberté, le roi et le pape, la licence et l’ordre ; voix immense qui a tout autant changé le monde que la vapeur et les chemins de fer ! Eh bien ! ce monstre, cette voix, la presse périodique enfin, quand j’ai été saisi par lui, par une soirée d’été calme et sereine, j’ai eu peur d’abord, je me suis senti entraîné bien loin d’abord ; puis peu à peu je m’y suis habitué, j’ai flatté de la main ce coursier rebelle, je me suis mis plus à mon aise. M’y voilà :