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VIII
À THÉODOSE BURETTE.

belle chose tu me l’indiques. Faut-il venir en aide à quelque pauvre génie méconnu ? tu me prends par la main et tu m’y pousses. Faut-il attaquer de front quelques-unes de ces gloires dangereuses qui ne savent que détruire, à commencer par la langue qu’elles insultent ? tu me dis : En avant ! et j’y vais. Et que de fois, sans nous être rien dit, avons-nous éprouvé la même admiration, avons-nous ressenti les mêmes répugnances ! Ces jours-là je suis bien heureux et bien fier !

Les six petits volumes que je mets aujourd’hui sous la protection de ton amitié attentive et bienveillante, tu les as déjà lus page par page, au fur et à mesure que je les écrivais ; et plus d’une fois, à propos de ces chapitres épars, tu m’as dit : Je suis content ! Excepté le premier chapitre de ce recueil, dans lequel je raconte comment s’est passée notre première et honnête jeunesse, quand nous étions si heureux et si pauvres, quand tu étais le plus riche de cette bande d’oiseaux chanteurs, toutes les pages que tu vas relire ont été écrites, au jour le jour, depuis la révolution de juillet. Si donc j’ai imprimé de nouveau ce premier chapitre, c’est que j’étais bien aise de parler encore une fois de ce calme bonheur de nos vingt ans remplis d’espérance, de douces joies, de faciles plaisirs, de transports poétiques, si remplis de notre amitié surtout ; car nous autres, enfants de la même génération et du même collège,