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très-bien, et il n’oubliera jamais, le nom de l’homme illustre qui a accompli cette révolution salutaire, et qu’il s’appelle Chateaubriand.

Non, le monde « n’a pas senti d’éloignement pour celui qui a rouvert la porte des temples en prêchant la modération évangélique, pour celui qui a fait aimer le christianisme par la beauté de son culte, par le génie de ses orateurs, par la science de ses docteurs, par les vertus de ses apôtres ! » Au contraire, la reconnaissance est universelle comme le bienfait ; au contraire, les honneurs et le respect unanimes sont venus chercher dans sa retraite le rude et éloquent jouteur dont la vie n’a été qu’un combat « contre tout ce qui était faux en religion, en philosophie, en politique ; contre les crimes ou les erreurs de son siècle, contre les hommes qui abusaient du pouvoir pour corrompre ou pour enchaîner les peuples. » Et la preuve de la reconnaissance publique, c’est que cet homme a été suivi par son siècle dans le chemin qu’il a tracé. « Une jeunesse généreuse s’est jetée dans les bras de qui lui prêchait les nobles sentiments qui s’allient si bien aux sublimes préceptes de l’Évangile, » et après s’être ému du combat, le monde a rendu à la victoire et au victorieux tous les hommages qui leur sont dus.

Voilà pourquoi, dans toute œuvre littéraire un peu sérieuse, c’est vous que l’on invoque le premier. Vous êtes l’exemple, vous êtes l’encouragement, vous êtes la consolation, vous êtes le conseil. Le philosophe, le poëte, l’historien, l’orateur, le prédicateur de l’Évangile, tous les hommes qui parlent à l’intelligence et à l’âme des peuples, s’abritent à l’ombre de votre gloire. Ce qu’ils savent vous le leur avez enseigné ; ils n’expriment que les sentiments que vous leur avez appris ; le peu de style qu’ils possèdent, ils font puisé dans vos livres ; le peu de courage qui les soutient leur vient de vous : ils sont éclairés de votre soleil, ils marchent dans votre sentier.

Ce livre sur la Bretagne est écrit sous vos auspices ; il est écrit dans les mêmes sentiments que cette histoire de Normandie pour laquelle vous n’avez pas été sans quelque indulgence.