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l’aide d’un interprète ; mais, voyant que le roi barbare refuse de l’écouter, il lui adresse de vifs reproches, et saisissant d’une main ferme la bride de son cheval, il arrête dans ce lieu même l’armée entière avec le chef. »


Éocarik, étonné de tant de courage, et plein de vénération pour un prélat dont la vue seule imprimait le respect, consentit à retourner sur ses pas.

Comment s’étonner, après ce grand triomphe de la vertu sur la force brutale, que les évêques fussent à cette époque les arbitres et même les directeurs temporels des peuples ! Les opprimés auraient-ils donc pu trouver ailleurs, sinon dans le ciel, de plus puissants protecteurs ? Héros de la foi chrétienne, nobles courages, saints vieillards, ils ont été toute la consolation sinon tout le courage des peuples opprimés !

Cependant les Armoricains, après la mort de saint Germain, avaient de nouveau pris les armes. L’arrivée d’Attila ne permit pas au patrice Aétius de tirer vengeance de tant d’insultes. Le fléau de Dieu, après avoir passé le Rhin et saccagé les principales villes des Gaules, s’était mis en marche vers la Loire. À cette nouvelle, Aétius, avec une célérité qui tient du prodige, marche sur la ville d’Arles, il entraîne Théodoric, et parvient à soulever contre l’ennemi commun