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ger les temps affreux que le pinceau de Tacite a décrits dans ses annales immortelles. Mais le moyen de contenir le tigre affamé ? Bientôt les instincts dépravés du maître éclatèrent et ne connurent plus de frein. Nulle garantie, à partir de ce moment, pour les malheureuses provinces. Les présides, sûrs de l’impunité, s’abandonnèrent à tous les excès, et ces excès de la force avide furent poussés si loin, que la Gaule, dont Germanicus proposait l’obéissance pour modèle à son armée révoltée, se souleva, indignée de tant de cruautés et d’insolences. Julius Florus, chez les Trévires ; Julius Sacrovir, chez les Éduens, se mirent à la tête de ce mouvement, qui n’était pas encore une révolution.

Au même instant, et par l’effet de l’indignation unanime, toutes les cités des Gaules entrèrent dans le complot. L’impatience des Andegaves (Angevins) et des Turones (Tourangeaux), qui se levèrent avant le signal, déjoua tous les projets des conjurés. Ces deux peuples furent écrasés, l’un par Aviola, accouru de Lyon avec une légion ; l’autre par des lésionnaires envoyés de la Germanie inférieure, et dont les rangs s’étaient grossis d’une troupe de principes gaulois qui, pour masquer leur défection, affectèrent toutes les apparences d’un zèle ardent.

Pendant ce temps, Florus poursuivait ses projets. Al voulait appeler à son aide un corps de cavalerie gauloise que les Romains avaient levé à Trèves ; mais, trompé dans son attente, le chef gaulois se vit forcé de se diriger vers la forêt des Ardennes. Là, il rencontra les légions commandées par Silius et par Varron ; alors il fallut combattre. La discipline romaine fit promptement justice de cette bagaudie gauloise.

La révolte des Éduens ne fut pas moins rapidement comprimée. Sacrovir, qui la dirigeait, ne voulut pas survivre à sa défaite.

Ceux-là vaincus et morts, tout rentra dans le calme. La Gaule, fatiguée, se laissa dépouiller patiemment par Caligula, qui avait franchi les monts pour arriver à cette victoire devenue facile. À ce moment de l’histoire, on se demande où sont les Gaulois. — Ils obéissent à qui commande ; ils sont soumis même à l’empereur Claude. À l’exemple d’Auguste, le nouvel empereur s’attaque à la religion des druides. En vain l’histoire a répété à travers les siècles les louanges que valut au successeur de Caligula l’abolition du druidisme ; il est permis de douter que des motifs d’humanité aient seuls inspiré l’empereur. Tout comme Auguste, Claude ne songeait sans doute qu’à